
Etablissement à caractère Administratif , doté de personnalité morale et de l’autonomie financière, l’hôpital psychiatrique de Zébé-Aného est un hôpital spécialisé dans la prise en charge des malades mentaux. Il est située dans la préfecture des lacs dans la ville d’Aného et est contigu à la prison civile d’Aného qui se trouve à 54 km de Lomé la capitale du TOGO. L’hôpital a été construit en 1904 et l’arrêté portant création a été signé le 08 mai 1932 sous la dénomination de l’hôpital spécial pour les indigents atteints de psychopathie. L’hôpital fut institué en tant qu’hôpital psychiatrique de Zébé-Aného en 1996. Cet hôpital reste aujourd’hui le seul hôpital du TOGO spécialisé dans le traitement des troubles mentaux ainsi que la désintoxication des personnes ayant des problèmes avec la consommation des substances psychoactives (cigarettes, cannabis, tramadol, alcool …).
Le traitement se fait en deux phases : la phase médicamenteuse et la phase d’accompagnement psychologique en ambulatoire pour les patients externes puis en interne pour les patients internés. Et donc la grande partie du travail se fait et son organisation repose sur les patients internés hospitalisés admis au centre soit par les parents soit des organismes nationaux ou sociaux.
Un hôpital de référence
L’hôpital psychiatrique de Zébé est une institution dirigée dans son ensemble par M. ISSIFOU et dispose d’un fonctionnement particulier qui lui procure cet aspect d’hôpital de référence. L’hôpital compte 5 unités spécialisées dans lesquelles sont repartis les patients. Ces unités sont gérées par les masters en santé mentale, les infirmiers d’Etats, et les aides-soignants sous la supervision du médecin chef M. SALIFOU. Cette structure est loin d’être un centre de dépôt ou d’internat des « fous » comme le penserait une frange de la population.
Y sont administrés, en accord avec le code de santé publique du Togo, deux catégories de soins: les soins libres et les soins sans consentement.
Les soins libres concernent les malades qui viennent d’eux-mêmes, un peu comme dans les hôpitaux généraux. Ces soins peuvent aboutir à une hospitalisation libre (HL). Dans ce cas, en accord avec le médecin, le malade est libre de sortir de l’hôpital quand il le désire.
S’agissant des soins sans consentement, il en existe deux catégories : les soins à la demande du tiers et les soins à la demande du représentant de l’Etat (Procureur de la république, Préfet et Maire) encore appelé les soins d’office.
Les admissions ou hospitalisations dans l’hôpital se font de 3 façons :
- L’admission directe lorsque le patient est admis par l’intermédiaire d’une institution juridique suite une répercussion des comportements du patient sur son environnement et l’ordre publique
- L’admission par une tierce personne lorsque la demande est faite par un parent, un proche ou un membre de la famille du patient. Dans ce mode d’admission les patients sont hospitalisés contre leur grés parce qu’ils refusent d’admettre qu’ils sont souffrant pour se faire soigner.
- L’admission sur la demande du patient lui-même
Les unités et services de soins du centre
Avec une capacité d’hospitalisation estimée à 120 patients, les premières infrastructures de l’hôpital remontent à 1904. Il accueille à ce jour, avec toute la rigueur de l’administration hospitalière , entre 165 et 170 patients hospitalisés. Plusieurs unités spécialisées composent L’hôpital psychiatrique de Zébé :
UUP: L’Unité des Urgences Psychiatriques. Il est l’unité d’accueil, de mise en observation et de réorientation des malades vers les autres unités.
UMD: L’Unité des Malades Difficiles. Il accueille les malades furieux, certains malades admis en hospitalisation d’office et ceux qui ont tendance à fuguer.
UA: L’Unité d’Addictologie accueille les malades souffrant d’une dépendance aux drogues (alcool, cannabis, tramadol, tabac, cocaïne, héroïne etc…).
USR: L’Unité de Soins et de Réinsertion accueille tous les malades stables des autres unités en attente d’une réinsertion sociale.
UPG: L’Unité de Psychiatrie Générale accueille tous les autres malades qui ne remplissent pas les critères des autres unités.
Les services de l’institution se présentent comme suit :
- Le service administratif
- La direction dirigée par M. ISSIFOU, Directeur général et M. DAHOUN Komlan ,Directeur administratif des ressources humaines
- Le secrétariat administratif
- Le secrétariat médical
- Le service de comptabilité
- Le service des statistiques et de recouvrement
- Le magasin
- Le service des affaires sociales
- Le service médicotechnique
- L’unité d’urgence psychiatrique
- L’unité d’admission
- Les archives
- Le service de laboratoire
- Les unités de soins et d’hospitalisation : l’unité des malades difficiles, l’unité de psychiatrie générale, l’unité d’addictologie et l’unité de réinsertion
- Le service de psychiatrie général
- Le service de psychologie
- Le service de kinésithérapie
- La pharmacie et
- L’agro-pastorale
- Le service général
- Le service d’hygiène et d’assainissement
- La sécurité
- La buanderie et
- La cuisine
La prise en charge des malades
Les formalités d’admission restent les mêmes que dans tout hôpital, mais la prise en charge reste spécifique. Elle se fait sans la présence de la famille aux côtés du malade. Elle ne vient qu’à des périodes définies pour s’enquérir de l’évolution de l’état de santé du patient et pour payer les charges liées au traitement. Et ceci, jusqu’au rétablissement total du malade.
Cette spécificité rend souvent difficile la prise en charge des malades dont le coût reste élevé à cause du délai souvent long de stabilisation des malades et du coût élevé des médicaments psychiatriques. Vu les exigences du traitement de ces patients qu’il faut nourrir matin, midi et soir en plus des médicaments à leur administrer, l’hôpital est obligé de se tourner vers les subventions de l’Etat qui fait toujours diligence en cas de besoin.
Constats et difficultés liées à la prise en charge des patients
Avec le personnel médical actuel, l’hôpital parvient à accomplir sa mission, mais le renforcement en ressources humaines se révèle nécessaire. L’hôpital ne dispose que d’un seul médecin spécialiste pour environ 170 patients admis. D’autres personnels soignants dont les Assistants médicaux spécialisés en santé mentale l’aident dans ses tâches.
Les familles aussi ne facilitent pas non plus la tâche à l’hôpital. Le constat fait est celui de l’abandon des patients par leurs proches et familles à la charge de l’hôpital. Ces derniers considèrent l’hôpital comme un centre de dépôt avec prise en charge gratuite. Ce qui n’est pas le cas selon les premiers responsables du centre. La maladie mentale se soigne comme toute autre maladie ; et le malade peut guérir.
Avec cette démission des familles, l’hôpital rencontre des difficultés de réinsertion des malades guéris.
« Nous parvenons à guérir totalement des malades et peinons quelque fois malheureusement à retrouver les parents. Les familles les abandonnent complètement. Il y a aussi de ces cas qui sont hospitalisés d’office et qui sont guéris dont on a aucun repère ou information concernant les familles, et qui sont toujours dans notre hôpital»
se plaint le directeur de l’hôpital.
Même si l’hôpital s’est créé des alternatives dont la mise en place d’une unité agropastorale qui permet d’initier les malades guéris aux activités maraîchères et à l’élevage, la réinsertion reste l’un des grands défis après les difficultés de prise en charge.
Halte à la stigmatisation
L’hôpital est souvent victime de stigmatisation. Beaucoup le considère à tort comme un centre de campement de « fous ». Le personnel et les spécialistes de la santé mentale ne sont pas non plus épargnés. Les malades eux-mêmes restent les premières victimes de cette stigmatisation. Une mauvaise perception de l’hôpital qu’il faudrait abandonner.
En effet la maladie mentale se traite et n’est rien de fatal ni un mauvais sort ni une maladie mystique. C’est une maladie tout comme toute autre. Elle n’exige qu’une prise en charge particulière et continue.
Il y a d’ailleurs des malades mentaux stabilisés qui sont aujourd’hui bien réinsérés. Ils ont pour la plupart, retrouvé leur emploi ; que ce soit dans la fonction publique ou en entreprise, et continuent de suivre des soins à l’hôpital de Zébé tout en remplissant leurs tâches sans aucun indicateur de trouble mental.
Les populations et les familles sont appelées à avoir une autre perception de la maladie mentale et du centre psychiatrique de Zébé. Les familles devraient de même rester solidaires envers leur proche malade. L’hôpital lance un appel à la population tout en entière, les ONG humanitaires et les personnes physiques et morales afin de porter une attention particulière à ce centre dont le fonctionnement exige assez de moyens.
Pour mieux faire…
L’hôpital psychiatrique de Zébé-Aného n’aurait rien à envier à plusieurs centres hospitaliers du Togo. Un tour au centre vous laisse découvrir des bâtiments complètements rénovés, équipés et des services bien structurés en plus d’un personnel administratif et soignant bien constitué. On y retrouve aussi un terrain de jeu, et un jardin entretenu par les malades guéris dont la production est destinée à la cuisine du centre.
En dépit de tous ces atouts le centre nécessite une augmentation de sa capacité d’accueil. Pour 120 lits disponibles, le centre accueille plus de 160 patients. A ce jour, un même endroit regroupe tous les patients (hommes, femmes et enfants) souffrant de maladie mentale ou des troubles liés à l’utilisation des substances psychoactives sous traitement; même si les unités sont distinctes les unes des autres. Une situation qui n’est pas sans impacts sur la prise en charge d’une catégorie de malades dont les personnes dépendantes aux drogues qui estiment ne pas être au bon endroit ; ce qui déclenche des fugues et tentatives de fugues.
Pour pallier les problèmes d’insertion des patients guéris à l’hôpital psychiatrique de Zébé il serait judicieux de créer un complexe artisanal. Les formations aux petits métiers dont ont bénéficié récemment les patients, et les activités menées dans le jardin du centre destiné au maraîchage ont permis de relever des impacts positifs. Une confidence, un patient qui sur la base de ses connaissances acquises à travers ses travaux dans le jardin du centre, est devenu aujourd’hui un grand maraîcher avec l’aide de sa famille.
La sensibilisation contre la stigmatisation de la profession de psychiatre et psychologue devrait également se poursuivre pour que les étudiants puissent être assurés d’être valorisés comme leurs collègues d’autres spécialités. Ainsi, l’on pourrait pour inciter, offrir des bourses d’études spécifiques aux étudiants qui désireraient se spécialiser en psychiatrie et en psychologie ou leur accorder des facilités pour à court terme résoudre le problème. L’Etat devrait y accorder donc une attention particulière. Les responsables des Facultés de formation devraient aussi motiver davantage les étudiants à se spécialiser en psychiatrie et en psychologie vu l’importance des maladies mentales.
Sources: Focus Infos


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1 Commentaire
Dissiran
Les patients à cet endroit sont des gens malade, c’est pour cette raison on les appelle <>. Les conditions de vie à ce endroit sont déplorables et c’est triste. Chercher à revoit tout ça, la nourriture, l’hygiène, l’hospitalité de vos infirmiers, ça aide toujours dans le processus de guérison. Ça reste un hôpital avant tout.