
Schizophrénie : Signes d’alerte, Symptômes, Evolution, Causes et Traitement
- avril 20, 2022
- 0 j'aime
- 655 Vues
- 0 Commentaire
La schizophrénie est une maladie mentale grave et chronique qui affecte la façon dont une personne pense, exprime ses émotions, se comporte et perçoit la réalité. Les personnes atteintes de schizophrénie peuvent donner l’impression d’avoir perdu le contact avec la réalité. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (2022), la schizophrénie est un trouble mental grave dont sont atteintes environ 24 millions de personnes, soit une sur 300, dans le monde et plus de deux personnes sur trois atteintes de psychose dans le monde ne bénéficient pas de soins de santé mentale spécialisés.
Les manifestations de la schizophrénie apparaissent typiquement entre la fin de l’adolescence et le milieu de la 3e décennie. Le début peut être brutal ou insidieux mais, chez la majorité des personnes, un ensemble de signes et symptômes cliniquement significatifs apparaît de façon lente et progressive. La moitié des sujets se plaint de symptômes dépressifs. La période qui précède l’apparition des premiers symptômes et la psychose proprement dite est appelée période prodromique. Elle peut durer des jours, des semaines, voire des années. Elle peut être difficile à repérer car il n’y a généralement pas de déclencheur spécifique. Il se peut que l’entourage ou la personne ne remarque que de subtils changements de comportement, surtout chez les adolescents.
Quelques signes d’alerte ou annonciateurs de la schizophrénie
- Des signes de la dépression,
- Un retrait social,
- Une hostilité ou méfiance,
- Une réaction extrême aux critiques,
- Une détérioration de l’hygiène personnelle,
- Un regard plat et sans expression,
- Une incapacité à pleurer ou à exprimer de la joie, rires ou pleurs inappropriés,
- Une difficulté à s’endormir ou des réveils précoces en plein milieu de nuit ou un sommeil excessif
- Des oublis fréquents et une incapacité à se concentrer
- Déclarations bizarres ou irrationnelles ou utilisation étrange des mots ou de la façon de parler.
Un âge de début plus jeune est classiquement considéré comme prédisant un moins bon pronostic. Les facteurs prédictifs du déroulement de la maladie et de son évolution sont largement méconnus ; le cours de la maladie et l’évolution ne peuvent donc pas être prédits de façon fiable. Bien que la schizophrénie soit un trouble chronique, le cours de la maladie apparaît favorable chez environ 20 % des personnes souffrant de schizophrénie, et un faible nombre de ces personnes peut récupérer complètement.
La schizophrénie a un retentissement fonctionnel important et est fortement handicapante. Elle est associée à des dysfonctionnements significatifs sur les plans social et professionnel. Les progrès scolaires et le maintien d’un emploi sont souvent compromis. Au-delà du handicap psychique, environ 5 à 6 % des personnes souffrant de schizophrénie meurent par suicide, environ 20 % tentent de se suicider et un plus grand nombre encore a des idées suicidaires très significatives. Le comportement suicidaire survient parfois en réponse à des ordres hallucinatoires de se faire du mal ou de faire du mal aux autres.
La forme la plus courante de la schizophrénie est la schizophrénie paranoïde ou schizophrénie avec paranoïa comme on l’appelle souvent. Les personnes atteintes de schizophrénie paranoïde ont une perception altérée de la réalité, peuvent voir ou entendre des choses qui n’existent pas, parler de manière confuse, croire que d’autres personnes essaient de leur faire du mal ou avoir l’impression d’être constamment surveillées. Cela peut entraîner des problèmes relationnels, perturber les activités quotidiennes normales comme se laver, manger ou faire des courses, et conduire à l’abus d’alcool et de drogues dans une tentative d’automédication.
Les symptômes caractéristiques de la schizophrénie
La schizophrénie est un trouble mental définie par des anomalies dans au moins un des cinq domaines suivants : les délires, les hallucinations, la désorganisation de la pensée et du discours, la désorganisation du comportement et les symptômes négatifs. Cependant, les symptômes de la schizophrénie varient considérablement d’une personne à l’autre, tant dans leur forme que dans leur gravité. Toutes les personnes atteintes de schizophrénie ne présentent pas tous les symptômes, et les symptômes de la schizophrénie peuvent également changer avec le temps.
idées délirantes
Les idées délirantes sont des croyances figées qui ne changent pas face à des évidences qui les contredisent. Leur contenu peut tourner autour de différents sujets appelés thèmes : les idées délirantes de persécution, la croyance que l’on est agressé, harcelé, etc. par un individu, une organisation ou d’autres groupes ; les idées délirantes mégalomaniaques, la personne croit à tort qu’elle a une capacité, une richesse ou une renommée exceptionnelle ; les idées délirantes érotomaniaques, la personne croit à tort qu’une autre personne l’aime ; les idées délirantes à thème de nihilisme sont la conviction qu’une catastrophe majeure va survenir ; les idées délirantes à thème somatique sont centrées sur des préoccupations concernant la santé ou le fonctionnement des organes et les idées délirantes de référence, la croyance que certains gestes, commentaires ou éléments de l’environnement, etc. sont destinés spécifiquement à la personne.
Hallucinations
Les hallucinations sont des expériences de type perceptif qui surviennent sans stimulus externe, une sorte de perceptions sans objet réel. Elles peuvent concerner tous les organes de sens mais les hallucinations auditives sont les plus fréquentes dans la schizophrénie et troubles apparentés. Les hallucinations auditives sont éprouvées généralement comme des voix familières ou étrangères, qui sont perçues comme distinctes des propres pensées du sujet, le sujet entend par exemple une voix qui lui donne des ordres.
Désorganisation de la pensée et du discours
La pensée désorganisée est typiquement déduite du discours de l’individu. La personne peut passer ainsi d’un sujet à l’autre, les éléments de réponses qu’elle donne aux questions peuvent être reliées de manière indirecte aux questions ou ne pas y être reliées du tout. Plus rarement, le discours peut être si gravement désorganisé qu’il est pratiquement incompréhensible et ressemble à une aphasie réceptive par sa désorganisation linguistique, on parle de discours incohérents ou « salade de mots ».
Comportement grossièrement désorganisé ou anormal
La schizophrénie perturbe l’activité dirigée vers un but, ce qui nuit à la capacité de la personne à prendre soin d’elle-même et à interagir avec les autres. Le comportement désorganisé se manifeste par : un déclin du fonctionnement quotidien global, des réponses émotionnelles imprévisibles ou inappropriées, des comportements qui semblent bizarres et sans but précis, un manque d’inhibition et de contrôle des impulsions
Symptômes négatifs
Deux symptômes négatifs sont particulièrement prééminents dans la schizophrénie :
- La diminution de l’expression émotionnelle, se manifeste par la réduction de l’expression émotionnelle du visage, du contact visuel, de l’intonation du discours et des mouvements des mains, de la tête et du visage qui transmettent les accents émotionnels du discours.
- L’aboulie, se manifeste par une diminution de la motivation pour des activités auto-initiées et dirigées vers un but. L’individu peut rester assis pendant de longues périodes de temps et montrer peu d’intérêt pour la participation aux activités professionnelles ou sociales.
Les autres symptômes négatifs :
- L’alogie se manifestant par une diminution de la production du discours,
- L’anhédonie affective est une diminution des capacités à éprouver du plaisir,
- L’asociabilité qui fait référence au manque d’intérêt pour les interactions sociales.
Le diagnostic de la schizophrénie est clinique et se repose sur une évaluation psychiatrique rigoureuse, basée sur les antécédents et les symptômes de la personne, et des examens médicaux pour éliminer d’éventuelles lésions neurologiques et des troubles liés à l’usage de substances psychoactives.Pour qu’un diagnostic d’un trouble schizophrénique soit posé, selon les critères diagnostiques du DSM V, il faut :
A. Deux (ou plus) parmi les symptômes suivants, chacun devant être présent dans une proportion significative de temps au cours d’une période d’un mois: 1. Idées délirantes. 2. Hallucinations. 3. Discours désorganisé. 4. Comportement grossièrement désorganisé ou catatonique. 5. Symptômes négatifs (aboulie ou diminution de l’expression émotionnelle).
B. Durant une proportion significative de temps depuis le début du trouble, le niveau de fonctionnement dans un domaine majeur tel que le travail, les relations interpersonnelles ou l’hygiène personnelle est altéré.
C. Des signes continus du trouble persistent depuis au moins 6 mois.
D. Un trouble schizoaffectif, ou dépressif, ou un trouble bipolaire avec manifestations psychotiques ont été exclus.
E. Le trouble n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance ou à une autre pathologie médicale.
Les causes de la schizophrénie
La recherche n’a pas mis en évidence de cause unique de la schizophrénie. On pense qu’elle peut avoir pour origine une interaction entre des gènes et un certain nombre de facteurs environnementaux. Des facteurs psychosociaux peuvent également influer sur la survenue et l’évolution de la schizophrénie. Une forte consommation de cannabis est associée à un risque élevé de schizophrénie. Des études suggèrent que l’héritage génétique peuvent rendre une personne plus vulnérable ou non à la schizophrénie. Des résultats d’autres études révèlent que les personnes dont un parent ou un membre de leur fratrie souffre de schizophrénie présentent un risque d’environ 10 % de développer la maladie, contre 1 % dans la population générale. Le risque est de 50% pour les jumeaux homozygotes.
Schizophrénie et violence
L’immense majorité des personnes souffrant de schizophrénie ne sont pas agressives. En revanche, elles sont plus souvent des victimes de violences, de la stigmatisation, de la discrimination et des violations des droits humains.
A l’opposé des préjugés, le risque de comportement violent des schizophrènes n’est que légèrement accru. Les menaces de violence et les débordements agressifs mineurs sont beaucoup plus fréquents que les comportements vraiment dangereux. Cependant, il ne faut pas banaliser d’éventuelles menaces d’un malade en plein délires de persécution.
Traitement de la schizophrénie
Il existe plusieurs possibilités de prise en charge efficace de la schizophrénie et au moins un patient sur trois pourra se rétablir complètement avec une prise en charge efficace (OMS).
Le diagnostic de la schizophrénie n’est pas une condamnation, surtout si le diagnostic et la prise en charge sont précoces.
La prise en charge de la schizophrénie vise à:
- Réduire la sévérité des symptômes psychotiques
- Prévenir la récurrence des épisodes symptomatiques
- Favoriser l’insertion socio-professionnelle du malade
- Optimiser le fonctionnement global de la personne schizophrène.
La prise en charge de la schizophrénie nécessite une combinaison de différentes approches thérapeutiques et il s’agit d’un traitement à long terme.
Le traitement médicamenteux
Les médicaments ont pour fonction de réduire les symptômes psychotiques tels que les hallucinations, les délires, la désorganisation de la pensée et du discours. S’ils sont prescrits à une posologie adaptée au patient, les neuroleptiques ne privent pas les schizophrènes de leur personnalité ni de leur capacité à prendre des décisions. Même s’ils peuvent avoir des effets sédatifs, ils agissent en réduisant la fréquence des délires et en permettant au patient d’avoir une pensée plus logique et mieux organisée.
La psychoéducation
La psychoéducation a pour rôle d’améliorer la connaissance du patient schizophrène et de son entourage sur la schizophrénie, afin de leur aider à détecter les signes et symptômes annonciateurs de rechute et à jouer un rôle actif dans la réduction des risques à travers une meilleure gestion au quotidien des facteurs de stress, l’adoption d’un mode de vie plus équilibré et une meilleure adhérence aux traitements médicamenteux.
La psychoéducation a donc pour objectifs de :
- Améliorer l’observance médicamenteuse
- Prévenir les rechutes
- Améliorer la qualité de vie du sujet
- Favoriser l’acceptation du trouble et lutter contre la stigmatisation.
Les psychothérapies
La psychothérapie permet d’offrir un cadre rassurant au schizophrène lui permettant d’acquérir une certaine capacité à analyser et exprimer ses expériences, et à faire le tri entre la réalité et l’interprétation qu’il a tendance à en faire. Les thérapies permettent d’améliorer les compétences psychosociales, de gérer efficacement le stress, gérer les problèmes relationnels et d’améliorer les compétences émotionnelles du schizophrène. Elles permettent aussi d’améliorer la communication entre le schizophrène et son entourage.
Les therapeutic lifestyle choices ou changements thérapeutiques du comportement
Il s’agit d’introduire dans le quotidien du sujet en rémission partielle ou totale de nouvelles habitudes dans son mode de vie avec une finalité d’améliorer son bien-être mental et sa qualité de vie. Ces nouvelles habitudes recommandées sont au nombre de huit (8) et concernent :
- L’exercice physique
- Une bonne hygiène alimentaire
- Passer du temps dans la nature
- S’investir dans des activités spirituelles ou religieuses
- Nouer de bonnes relations interpersonnelles
- La gestion du stress
- Loisirs et activités récréatives
- L’engagement à servir et à contribuer.
Sources :
DSM-V, Manuel Diagnostique et statistique des troubles mentaux, spectre de la schizophrénie et autres troubles apparentés.
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/schizophrenia
https://www.nimh.nih.gov/health/topics/schizophrenia
https://www.webmd.com/schizophrenia/mental-health-schizophrenia
https://www.psychiatry.org/patients-families/schizophrenia/what-is-schizophrenia
https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/schizophrenie-psychoses/traitements-psychosociaux.html

Diplômé en psychologie de la santé, Rédacteur web santé
Laisser votre commentaire